Le camarade Jan Frans Ricard ne pensait pas un jour troquer ses notes de recherche pour un manuscrit de roman. Las de rédiger une énième version de sa thèse de doctorat, et récemment arrivé à la FSSS où il aurait à plaider en arbitrage, il s’est mis à dévorer des thrillers juridiques signés John Grisham. « Dans ces histoires, on suit souvent l’avocat d’une grosse firme qui finit par défendre les plus démunis. Moi, je me suis dit : pourquoi pas un personnage qui se retrouve dans le monde syndical ? »
C’est ainsi qu’est né Les Indignés, son tout premier roman, publié aux Éditions Mains libres. Plutôt que des salles d’audience et des postes de police, Jan Frans a choisi de camper son intrigue dans les bureaux syndicaux et les conflits de travail. Pari audacieux : rendre ce milieu, souvent méconnu du grand public, aussi palpitant qu’un polar judiciaire. « Le monde syndical est rempli de mobilisations, de batailles contre les multinationales, de conflits intenses. On y retrouve toute l’action d’un thriller, mais avec nos enjeux bien à nous. »
Écrire un premier roman n’a pas été de tout repos. Cinq à six ans de travail, souvent le soir après les journées chargées, beaucoup de réécritures, et des refus d’éditeurs à répétition avant de trouver la bonne maison. « Quand tu n’as pas étudié en littérature, tu veux tout mettre dans ton premier roman. Ça prend un gros travail d’édition et de choix. Je ne voulais pas un simple page-turner, je voulais que les personnages soient vrais et que les lectrices et lecteurs suivent leur cheminement. »
Pour Jan Frans, ce livre est aussi une forme d’expression artistique, au même titre que la peinture ou la musique. « C’est un regard sur le monde syndical que j’avais envie d’offrir. C’est rare qu’on se voie représentés en littérature, alors que notre quotidien est riche en drames, en solidarités, en rebondissements. » L’accueil des camarades a d’ailleurs été enthousiaste : beaucoup se sont reconnus dans l’univers qu’il dépeint.
Et la suite? Déjà en chantier. Le deuxième roman plongera dans la réalité des travailleurs étrangers temporaires dans les fermes québécoises, un univers où exploitation et luttes sociales s’entremêlent.