À vingt ans, Audrey Lefebvre-Sauvé a rangé son maillot. « J’avais fait le tour. Neuf entraînements par semaine, la musculation, les compétitions… J’étais fatiguée. Je voulais vivre une vie plus normale. » Comme beaucoup de jeunes athlètes, elle a tourné la page sans trop se retourner.
Puis, quinze ans plus tard, la vie l’a ramenée à l’eau. En 2021, en pleine pandémie, devant les Jeux olympiques de Tokyo, quelque chose s’est rallumé. « Je me suis dit : ça suffit, je retourne à la piscine. » Ce geste, au départ pour sa santé et pour gérer le stress, est vite devenu un besoin vital. « Nager, c’est la seule chose qui m’aide vraiment à décrocher. »
Depuis, la conseillère syndicale à la FSSS–CSN a replongé dans la compétition, avec le même sérieux qu’avant, mais un regard plus serein. « Je n’ai aucune attente. Je sais que je ne serai jamais aussi rapide que Summer McIntosh, et c’est parfait comme ça. »
Le rythme syndical est exigeant, et l’eau lui sert de refuge. « Quand je nage, ma tête arrête enfin de tourner. C’est un moment à moi. » Reprendre l’entraînement, c’était aussi une façon de se protéger. « À force de militer, on s’oublie. On mange n’importe où, on saute des repas, on dort mal. J’étais en train de m’enligner vers des problèmes de pression. Il fallait que je me reprenne en main. »
Audrey n’a pas d’enfant, et son temps s’était entièrement déplacé vers le travail et la militance. « À un moment donné, il faut trouver autre chose si on veut tenir le coup. »
Aujourd’hui, la piscine est devenue ce point d’ancrage. « La santé, c’est pas un luxe. Si on veut profiter de notre retraite, il faut s’en occuper maintenant. » Entre deux dossiers et quelques longueurs, Audrey trace son sillon : calmement, avec force et persévérance.