Smash entre archives et badminton

Yves Lacroix, c’est un nom que plusieurs connaissent à la CSN pour son travail méticuleux d’archiviste. Un gardien de la mémoire syndicale, toujours soucieux de préserver, d’organiser et de diffuser l’histoire collective. Mais ce que peu savent, c’est qu’en dehors des murs du 1601, Yves a une autre vie : celle de photographe attitré du badminton international. Un archiviste le jour, un globe-trotter du sport le soir et les fins de semaine. 

Tout a commencé dans les années 90, alors qu’Yves jouait lui-même au badminton au Québec. « J’étais un bon joueur récréatif, mais un joueur compétitif…correct. » Faute de faire vibrer les gradins par ses performances, il a trouvé un autre moyen de se rapprocher du jeu : la photographie. En 2004, il se lance plus sérieusement, et les tournois s’enchaînent. États-Unis, Salvador, Émirats arabes unis, Australie, Chine, Indonésie, Danemark… Plus de 140 compétitions internationales plus tard, Yves a couvert quatre Jeux olympiques et vécu des moments inoubliables. 

Ce n’était pas qu’un passe-temps : pendant des décennies, toutes ses vacances y passaient. Chaque jour de congé était consacré au badminton, au point de souvent débarquer d’un vol de nuit le lundi matin à 7 h, de filer à la douche au bureau et de commencer sa journée de travail sans même avoir vu son appartement. « Je maximisais chaque jour de vacances pour être sur un terrain, appareil en main. » 

« Les tournois en Indonésie et en Malaisie, c’est complètement fou. Les foules sont tellement bruyantes que les joueurs n’entendent même plus les arbitres ! C’est au moins aussi intense qu’un match de foot en Europe ou de hockey en Amérique du Nord. Là-bas, le badminton, c’est le sport national : une de mes photos a déjà été retwittée par le président indonésien lui-même. Dans d’autres pays, comme le Japon et Singapour, c’est moins fou, mais les foules demeurent nombreuses. On parle de milliers de personnes par jour. J’ai même déjà vu des files de 500 personnes qui attendent l’ouverture des portes deux heures avant les finales. » 

La photographie et l’archivistique, deux passions qui s’entrecroisent naturellement. « Mon travail à la CSN m’a appris l’importance des métadonnées, de la diffusion des archives, du droit d’auteur… et en photo, c’est pareil. Je comprends autant les besoins des usagers que les réalités des créateurs d’images. » Cette double expertise et sa connaissance de l’histoire du badminton l’ont mené à être invité par la Fédération mondiale de badminton à se joindre à leur comité de préservation du patrimoine du sport. 

Quand il a suivi une formation de préretraite, on lui a dit qu’il risquait de trouver le temps long. « Je me suis dit : franchement, je ne vois pas comment ça pourrait arriver. » Et il avait raison. Yves est convaincu qu’avoir des projets en dehors de notre travail et de notre engagement syndical, c’est essentiel. « La CSN, c’est une grande partie de nos vies, mais on a aussi besoin d’autres passions. Ça garde l’esprit allumé et ça permet de ne même pas se rendre compte qu’on est à la retraite. » 

Et comme si ça ne suffisait pas, Yves a repris du service du côté syndical : il travaille actuellement sur un mandat d’archives pour le STTCSN, dont les résultats seront dévoilés dans la prochaine année. Il y a ceux qui craignent l’ennui à la retraite… et puis il y a Yves. 

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